
Le Vanil Noir
immersion au cŒur du Parc
Vorschläge
- famille
- agriculture
- mobilité
- énergie
- tourisme
- faune
- biodiversité
- vélo
- patrimoine
- randonnée
- produit
- alpage
Le Parc consacre une mini-série qui présente différents sites classés à l’Inventaire fédéral des paysages. Ce troisième volet explore le paysage du Vanil Noir, entre parois vertigineuses, espèces rares et alpages verdoyants.
Quatre paysages d’exception sont recensés à l'Inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels (IFP) sur le territoire du Parc. Après l'article sur la région de la Pierreuse, la Gummfluh et la Vallée de l’Etivaz et celui sur le Breccaschlund, le troisième volet de cette série met en lumière le site du Vanil Noir.
Situé entre les chaînes emblématiques des Vanils au sud-ouest et des Gastlosen au nord-est, le site du Vanil Noir englobe notamment le vallon des Ciernes Picat, celui des Morteys ainsi que la plaine du Gros-Mont. Son relief contrasté et ses milieux naturels variés en font un paysage d’une richesse exceptionnelle, tant sur le plan géo(morpho)logique qu’écologique ou culturel, comme le souligne son classement à l’IFP.

Carte du périmètre du paysage du Vanil Noir classé à l’IFP
Un paysage riche et varié
Dans cette région caractéristique des Préalpes calcaires, de vertigineuses parois rocheuses surplombent des fonds de vallées plus plats où se côtoient pâturages verdoyants, marais, forêts et prairies.
Le site du Vanil Noir est également considéré comme un hotspot géologique ; pas moins de dix géotopes d’importance cantonal (GIC) sont classés à l’inventaire fribourgeois. Parmi eux, le vallon des Morteys, au cœur de la réserve naturelle du Vanil Noir, est particulièrement remarquable, tant pour les scientifiques qui apprécieront sa richesse géo(morpho)logique que pour les amoureux de la nature. D’origine glaciaire, ce vallon arbore de nombreuses formes dites kartstiquesrésultant de l’érosion chimique du calcaire sous l’action de l’eau. Il expose ainsi à la fois lapiés, dolines, grottes et un réseau hydrologique souterrain complexe, dont deux gouffres – inaccessibles – qui figurent parmi les plus profonds de Suisse.

En arrière-plan de gauche à droite, les sommets de la Dent de Ruth, Dent de Savigny et des Pucelles. Au premier plan, la plaine du Sori et la chapelle Saint-Jacques sur la colline du Jeu de Quilles.

Le Vallon des Morteys, un des géotopes d’importance cantonal fribourgeois. ©Quentin Vonlanthen
Le saviez-vous ?
L’eau du ruisseau du vallon des Morteys parcourt un réseau souterrain de 12 km avant de réapparaître à la cascade de Jaun? Cette connexion dite hydrogéologique est un exemple fascinant du développement du karst dans la région.

Lapiés de paroi sur les roches calcaires dans le Vallon des Morteys. ©Quentin Vonlanthen
Des milieux naturels à protéger
La diversité des milieux naturels du Vanil Noir en fait un véritable refuge pour une faune et une flore remarquables. Une partie du site — incluant le vallon des Morteys, le versant ouest du Vanil Noir, ainsi que le secteur entre la Dent de Ruth et la Corne Aubert — forme la réserve naturelle du Vanil Noir, gérée par Pro Natura depuis 1983. Le site abrite également de nombreuses zones humides d'importance nationale, telles que celles de Fessu Derrière, des Chapelles et de la Manche, ainsi qu'un haut-marais reconnu au niveau national (une tourbière) dans la plaine marécageuse du Gros-Mont.
À la suite d’un énorme écroulement survenu il y a plus de 9000 ans sur le versant nord de la Dent de Ruth, une arolière — une forêt rare dans les Préalpes — s’est développée sur le chaos de blocs rocheux laissé par l’événement. Cette forêt primaire d’arolles, appelée forêt du Lapé, bénéficie de conditions topo-climatiques particulières, habituellement rencontrées dans des régions au climat plus sec, comme certaines vallées du Valais ou de l’Engadine.
Le site du Vanil Noir offre également un refuge précieux pour plusieurs espèces rares comme le gypaète barbu, la vipère aspic ou l’oreillard brun, une chauve-souris qui profites de ses nombreuses grottes calcaires. Le Vallon des Ciernes Picat est quant à lui un hotspot de papillons (plus de 100 espèces répertoriées).

Zone humide et marécageuse de la plaine du Gros-Mont au premier plan et la Hochmatt au deuxième plan.

Arolles se développant sur des blocs de pierres éboulés © Quentin Vonlanthen
Témoin de la saison d’alpage
Comme pour La Pierreuse ou le Breccaschlund, la valeur paysagère et patrimoniale du Vanil Noir sont intimement liées à l’activité alpestre pour la fabrication du fromage. Afin de pouvoir exploiter les pâturages d’estivage jongés de blocs éboulés, les alpagistes les ont épierrés dès le 16e siècle et ont construit des murs en pierre sèche. Ces structures servaient à délimiter les alpages, contenir le bétail et faciliter le pâturage. Le mur du Sori est un exemple emblématique. Sa restauration est entreprise depuis 2021 en collaboration avec le Parc.
Le chemin emprunté aujourd'hui par les randonneurs, reliant la vallée du Gros-Mont à celle des Ciernes-Picat, est une voie de communication historique reconnue au niveau national. Relié à un réseau de sentiers séculaires, il servait autrefois à transporter les meules de fromage vers les grandes caves des villages, comme à La Tzintre ou à Rossinière. Ce va-et-vient entre pâturages et villages se faisait à dos de mulets, menés par les barlatê, les muletiers d’autrefois. Aujourd’hui encore, cette tradition continue de vivre grâce à l’association Transtrad.

Le mur en pierre sèche du Sori

Le barlatê des Morteys
Perché à 1888 m d’altitude, sans accès aux véhicules, le chalet d’alpage des Morteys est le plus haut du canton de Fribourg où l’on fabrique encore du fromage.
Cheminer avec Inschi et Bisquine, les braves mulets rompus au barlatage, pour vivre une aventure hors du commun.
Randonnées
vers et depuis
le Gros Mont
De nombreuses randonnées permettent d'explorer la plaine du Gros Mont et le vallon des Morteys. Durant l'été, le Bus alpin Charmey - Gros Mont permet d'accéder au départ en toute simplicité.