Inauguration du mur en pierre sèche du sori

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Une partie du mur en pierre sèche du Sori situé dans la vallée du Gros Mont a été inaugurée en septembre. Projet du Parc Gruyère Pays-d’Enhaut depuis 2021, cette restauration permet au mur de retrouver ses airs d’antan.

Le 15 septembre dernier, les parties prenantes et partenaires dans les réfections du mur du Sori et du sentier muletier des Morteys ont été invitées à la réception de la première étape des travaux, projet d’une haute importance patrimoniale et historique.

Débutée en 2021, la restauration du mur a été réalisée dans le respect des techniques traditionnelles: aucun liant entre les pierres et un savoir-faire de taillage et d’assemblage spécifique. Au total, près de 200 mètres de mur en pierre sèche ont été restaurés en plusieurs fois. Dans la lignée de ces travaux de requalification paysagère, d’autres actions ont pris place, telles que la réfection d’une partie du sentier des Morteys et la plantation d'érables sycomores. Deux panneaux explicatifs ont été posés afin de présenter le mur et son histoire.

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Un haut lieu du paysage

Le mur se trouve au cœur de l’IFP du Vanil Noir, un site classé à l’Inventaire fédéral des paysages. Ce paysage d’importance nationale est caractérisé par un fort contraste : il est traversé par la chaîne des Vanils et des Gastlosen, montagnes emblématiques des Préalpes médianes calcaire, mais aussi composé d’un relief beaucoup plus plat avec ses marais, prairies et pâturages.

Une réserve de biodiversité

La réserve naturelle du Vanil Noir qui borde le mur du Sori abrite une faune et une flore exceptionnelles. Les tas de pierres, qu’ils soient naturels ou artificiels, comme les tas d’épierrage ou les murs en pierres sèches, possèdent une haute valeur écologique. Ils abritent de nombreuses espèces d’insectes, de reptiles et de petits mammifères.

Plusieurs témoins de traditions

Ces murs en pierre sèche se sont construits au fur et à mesure que l’agriculture alpestre se développait, à partir du 16e siècle). Ils délimitent les pâturages, forment une barrière pour le bétail et témoignent ainsi de la fabrication de fromage d’alpage à pâte dure, principale ressource économique de la région à l’époque.

Un réseau de sentiers séculaires permettait d’acheminer les meules de fromage vers de grandes caves dans les villages (la Tzintre, Rossinière) avant d’être exportées, notamment vers le marché de Lyon en France où le Gruyère était très convoité. Ce transport navette entre les pâturages et les villages se faisait à dos de mulets par des muletiers. Cette tradition des barlatè est toujours vivante aujourd’hui grâce à l’association Transtrad. Des travaux de restaurations ont également été effectués afin de rendre ce sentier plus sûr pour les mulets.

Témoin d’une autre tradition historique, la Pierre des baillis est une borne datant de 1749 située à l’angle nord du mur du Sori. Elle délimite aujourd’hui les cantons de Vaud et de Fribourg mais jusqu’en 1803, elle séparait le baillage du Gesseney bernois (intégrant le Pays-d’Enhaut) et de Corbières (comprenant la Jogne). Selon les sources historiques, tous les cinq ans, les deux baillis s’y embrassaient en signe de bon voisinage et de fraternité helvétique. Cette tradition, occasionnant un bal champêtre, aurait perduré jusque vers la moitié du 19e siècle.

Découvrir le mur

Les curieux, les amateurs de randonnée, les amoureux de la nature et les passionnés d’histoire trouveront leur compte en venant admirer le mur du Sori situé ici. Accessible à pied par le Gros Mont (côté Jogne) ou par les Ciernes Picat (côté Pays-d’Enhaut), de nombreuses randonnées vous y mèneront.

Remerciements

Ce projet a été réalisé avec le soutien du Fonds Suisse pour le Paysage, de la fondation Actions Environnement, des cantons de Vaud et Fribourg et du Syndicat d’alpage de Chésalles-sur-Oron.

Le Parc Gruyère Pays-d’Enhaut remercie également tous les partenaires et les bénévoles ayant œuvré à la restauration de ce mur.