décès de philippe randin

président du parc de 2006 à 2021

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C’est une voix singulière, une conscience éveillée, un bâtisseur de liens, un homme de ponts qui nous a quittés le 20 juillet 2025. Philippe Randin, fondateur et président du Parc entre 2006 et 2021, s’en est allé, emporté par un mal qui le rongeait depuis de nombreuses années.

Un béret vissé sur la tête, un sourire en coin, les yeux pétillants d’un mélange rare de malice et de tendresse : c’est ainsi que beaucoup se souviendront de Philippe Randin. Catholique vaudois sur terre protestante, administrateur postal enraciné dans la ruralité, élu de gauche au cœur des Alpes : chez Philippe, les antagonismes n’étaient jamais des obstacles, mais des forces qui dialoguent, s’équilibrent et s’enrichissent. Il y avait chez lui cette manière très particulière d’incarner la complexité sans jamais la craindre, d’aimer profondément sans dogme, d’agir sans jamais chercher la lumière. Sa parole, toujours mesurée, était celle d’un homme qui savait écouter avant de parler.

Sans doute parce qu’il se savait de passage, Philippe a toujours eu à cœur de préparer les conditions d’un avenir plein d’espoir. Son plus grand legs est le Parc naturel régional Gruyère Pays-d’Enhaut. Dès la fin des années 1990, il y a cru. Avec François Margot et Patrick Rudaz, Philippe Randin a mis en route ce rêve un peu fou d’un territoire fédéré par ses paysages, son histoire, sa culture fromagère, et surtout par la volonté d’habiter autrement le monde.

Philippe a porté le projet de Parc comme on porte une promesse : sans relâche, avec une constance et une confiance inébranlables. De 4 à 17 communes membres, d’une utopie à une réalité concrète et institutionnelle, il a guidé le Parc avec ce mélange de rigueur et de chaleur humaine qui était sa signature. Pendant quinze ans, il a présidé le Parc, il a encouragé sans imposer, rassemblé sans diviser.

Jusqu’au bout, dans son dernier rapport en tant que président, Philippe rappelait l’urgence. Celle du climat, celle de la biodiversité, celle de retrouver le sens du commun. Il n’aimait pas les discours catastrophistes, mais ne se voilait pas la face. Il appelait lucidement, à un basculement, à une autre manière d’habiter la Terre : Rien ne sera plus comme avant, écrivait-il. Pas un cri, mais un constat, un appel à la responsabilité.

À celles et ceux qui ont croisé sa route, Philippe Randin laisse bien plus qu’un souvenir. Il laisse une manière d’être au monde, d’en prendre soin, d’y chercher la beauté et la justice à parts égales. Il laisse une œuvre collective, ancrée dans des terres bien réelles et ouverte à des horizons plus larges que soi.

Reconnaissant, le Parc continue à marcher dans ses pas, à sa manière : les yeux levés vers les Vanils, l’oreille attentive aux murmures du territoire, et le cœur battant au rythme des chamois, des projets, des gens d’ici.

À Fabienne, à ses proches, à toutes celles et tous ceux qu’il a touchés, le Parc adresse ses respectueuses pensées.

De tout cœur merci, Philippe.

Philippe 2023
Philippe avec François Margot et Jean-Pierre Galley-2048x1152
Philippe 2021