Le secteur du bois, à l'essence même du Parc
Les forêts du Parc couvrent 40% de son territoire, soit 20'300 hectares. Le secteur du bois est un maillon primordial du Parc, il y exploite plus de 50'000 m3 de bois annuellement. Il représente près de 70 entreprises qui elles-mêmes génèrent plus de 300 emplois et maintiennent à la fois des savoir-faire et contribuent à la vie économique et sociale des vallées.
Forêts : concilier exploitation et biodiversité
Parc'info 27 (juillet 2022), l'article complet
Exploitation forestière et bois mort
Le Parc Gruyère Pays-d’Enhaut compte une importante surface forestière : plus du tiers de son territoire. Cette surface est essentielle sur le plan environnemental, économique et social. Exploitée de manière durable elle abrite de nombreuses espèces de végétaux et d’animaux, offre un matériau renouvelable précieux pour la construction et le chauffage, procure des emplois décentralisés avec des savoir-faire spécifiques, tout en protégeant les infrastructures et zones d’habitat.
Dans les Préalpes occidentales (incluant la Gruyère et le district Riviera Pays-d’Enhaut) la forêt est en expansion et montre un accroissement de 13 m3/ha/an, avec une exploitation forestière de 8 m3/ha/an. La forêt est connue pour stocker du carbone et améliorer la pureté de l’air. En effet, les arbres utilisent le CO2 atmosphérique pour former leur biomasse. Une fois à terre, ils se décomposent et rejettent du CO2 vers l’atmosphère. Arbres et sols forestiers stockent donc du carbone tant que leur cycle de vie se renouvelle. Lorsqu’elle n'affaiblit pas le capital forestier, l’exploitation du bois de feu est considérée comme neutre du point de vue des émissions carbone. L’exploitation du bois pour la menuiserie et la construction est quant à elle intéressante du point de vue climatique, puisque le carbone peut être stocké dans les objets en bois durant de très longues périodes. Le bilan du bois de construction et du bois énergie s’améliore encore lorsqu’ils se substituent à d’autres matériaux beaucoup moins durables.
Dans les forêts des Préalpes occidentales, le volume de bois mort en décomposition est conséquent et représente 48 m3/ha, alors que la moyenne suisse est de 24 m3/ha. Il forme un milieu essentiel à la vie de nombreuses espèces ayant besoin de bois en décomposition pour réaliser leur cycle de vie. On y trouve des champignons, des mousses, des lichens, mais aussi des insectes, des oiseaux, des reptiles et des amphibiens. Environ 1500 espèces d’insectes, principalement des coléoptères, vivent dans les troncs en décomposition. La grande majorité des coléoptères s’attaquent uniquement au bois mort ou affaibli (seules quelques espèces sont des ravageurs d’arbres vivants, comme le bostryche). Il est important de souligner que le bois mort se décomposant en forêt ne favorise pas la propagation des insectes ravageurs. Il permet au contraire un meilleur contrôle de ces populations, en abritant des insectes prédateurs et parasitoïdes.
Ainsi les forêts gérées durablement contribuent à l’économie régionale, à la décarbonation et à la biodiversité. Pour autant que cela soit fait selon les règles de l’art, dans le dialogue interdisciplinaire, il est possible, dans nos préalpes, d’exploiter davantage de bois tout en améliorant le stockage du carbone et en laissant du bois mort ou en créant des réserves forestières. Vous trouviez peut-être les sous-bois forestiers pas assez nettoyés, ou vous étiez au contraire choqués par les coupes forestières : penser à la richesse de la forêt c’est aussi la comprendre dans sa multifonctionnalité. Pensez-y quand vous vous y promènerez.
Lien pour la recherche de données en forêt : https://lfi.ch/resultate/resultateauswahl-fr.php?regionNr=366&p=reg
- Accroissement net (croissement – mortalité) : Préalpes occidentales 10.9 m3/ha/an ± 8 %, nord-ouest des Alpes 6 m3/ha/an ± 13 %, Suisse 8.1 m3/ha/an ± 2 %
- Accroissement : Préalpes occidentales 12.5 m3/ha/an ± 7 %, nord-ouest des Alpes 7.6 m3/ha/an ± 9 %, Suisse 9.7 m3/ha/an ± 1 %
- Exploitation des arbres : Préalpes occidentales 7.7 m3/ha/an ± 22 %, nord-ouest des Alpes 3.5 m3/ha/an ± 27 %, Suisse 7 m3/ha/an ± 3 %
- Volume en bois mort : Préalpes occidentales 47.9 m3/ha ± 14 %, nord-ouest des Alpes 38.9 m3/ha ± 10 %, Suisse 24.3 m3/ha ± 3 %
Importance et volume du bois mort dans les forêts du Parc Gruyère Pays-d’Enhaut
En se promenant dans la forêt le long de la Sarine, on remarque une grande quantité de bois mort. Il y a de grands troncs provenant de coupes forestières et laissés dans le sous-bois, des arbres plus minces ayant ployés sous la neige l’hiver passé, ou encore des branches élaguées. Il est légitime de se demander pourquoi tout ce bois est laissé « à l’abandon » dans la forêt alors qu’il pourrait servir à la scierie ou pour le chauffage et pourquoi la forêt n’est pas mieux entretenue. Il est aussi fondé de s’interroger si ce bois mort favorise la prolifération d’insectes ainsi que la détérioration des stocks de bois et des constructions.
En s’approchant d’un tronc, on remarque qu’il est plutôt mou à certains endroits, qu’il se décompose et qu’il abrite de nombreux très petits organismes. Et en effet, le bois mort des sous-bois forestiers est indéniablement un milieu essentiel à la vie de nombreuses espèces saproxyliques (N.B. espèces ayant besoin de bois en décomposition pour réaliser leur cycle de vie). On y trouve des champignons, des mousses, des lichens, mais aussi des insectes, des oiseaux, des reptiles et des amphibiens. Environ 1500 espèces d’insectes, principalement des coléoptères, vivent dans les troncs en décomposition. La grande majorité des coléoptères s’attaquent uniquement au bois mort ou affaibli. Seuls quelques espèces sont des ravageurs d’arbres vivants, comme le Bostryche. Il est important de souligner que le bois mort dépérissant en forêt ne favorise pas la propagation des insectes ravageurs. Il permet au contraire un meilleur contrôle des populations d’insectes néfastes aux forêts, en abritant des insectes prédateurs et parasitoïdes qui éliminent le surplus de ravageurs (CSCF, 2020).
Plusieurs recherches scientifiques s’intéressent au volume de bois mort nécessaire à la vie des espèces. De manière générale, ces espèces ont besoin d’un volume en bois mort de 20 à 30 m3/ha dans les forêts d’épicéa et de 30 à 50 m3/ha dans les forêts de feuillus et les forêts mixtes (Imesch et al., 2015). La qualité du bois est également un facteur important. L’habitat idéal de espèces saproxyliques est un sous-bois composé de troncs de différents diamètres, d’essences variées et de stades de décomposition plus ou moins avancés (Lachat et al., 2013).
Dans les forêts suisses, le volume de bois mort est en moyenne de 24,2 m3/ha. Environ la moitié de ce bois se trouve sous forme d’arbres secs sur pied, le reste étant des troncs couchés. Les plus importants volumes en bois mort se trouvent dans les Préalpes occidentales (incluant le district de la Gruyère et de la Riviera-Pays d’Enhaut) et le nord-ouest des Alpes (incluant le district d’Aigle), avec réciproquement 48 m3/ha ± 14 % et 39 m3/ha ± 10 % (Brändli et al., 2020).
Les forêts du Parc Gruyères-Pays d’Enhaut contiennent donc un important volume de bois morts et sont ainsi très favorables à la vie des espèces saproxyliques. Elles abritent une grande biodiversité et de nombreuses espèces menacées.
Source : https://lfi.ch/resultate/resultateauswahl-fr.php?regionNr=366&p=reg
Auteurs : Maud Fazzari, Marie Gallot Lavallée, François Margot et Bruno Clément
Le Parc s’engage à la promotion du bois local. Le Label Bois suisse permet de répondre à cet objectif, tout comme la promotion de produits Bois du Parc. Il favorise ainsi l’emploi dans le Parc, l’utilisation d’une matière première renouvelable et locale, la promotion de savoir-faire et la coopération entre les acteurs du bois. En utilisant du bois suisse, non seulement on favorise une entreprise de construction bois, mais également toute la filière bois (menuiserie charpente, scierie, exploitation forestière…). Ce secteur se montre donc d'une importance cruciale pour le maintien et le développement de l'économie locale et durable.
Un label qui touche du bois
Le label bois suisse atteste de la provenance indigène du bois. La marque, propriété de Lignum, assure la traçabilité de l’origine du bois à travers toutes les étapes de transformation.
Elle est attribuée à des entreprises ou à des réalisations en bois.
La labellisation Bois suisse pour une entreprise signifie soit :
- L’utilisation de 80% de bois suisse pour toute la production
- L’utilisation de 80% de bois suisse pour un secteur de production
- La certification du processus de production en bois suisse
- Etre partenaire spécialisé (conseil, planification)
Au début 2022, dans les communes du Parc, 21 entreprises sont labellisées Bois suisse (elles étaient 5 en 2015 ).
Entreprises labellisées Bois suisse
Chalet Schuwey SA, construction de chalets, Im Fang
Colin Karlen, menuiserie, charpente et tavillons, Château-d'Oex
EPF Grandjean Sàrl, exploitation forestière et bois-énergie, Neirivue
Elementerre Charpente, charpente, Corbeyrier
Elementerre Construction Sàarl, construction bois, menuiserie et rénovation, Chamby
Forêt d’Enhaut, partenaire spécialisé, Rossinière
Florian Despond, tavillonneur, Chailly-Montreux
Freddy Oguey, scierie charpente menuiserie, Le Sepey
Gachet-Ruffieux SA, menuiserie, Charmey
Genoud Frères Sàrl, exploitation forestière, Charmey
Louis-Philippe Oguey, menuiserie, Le Sepey
Maurice Beaud Fils Constructions SA, Albeuve
MJL Rossier Charpente-Menuiserie Sàrl, processus, Les Moulins
Mooser Michel SA, construction en bois, charpent et aménagements intérieurs, Charmey
Tavillon-Bois, Hervé Schopfer, Château-d’Oex
Tavillon Bardeaux, François Krummenacher, Montbovon
Schwitzguebel Bois, commerce de bois, Rougemont
Scierie Blum, Gérignoz
Scierie Borcard, Grandvillard
Scierie des Avants, Montreux
Scierie Geinoz, Enney
Pour les réalisations en bois, le Label Bois Suisse permet aussi de certifier :
- Objet dans son ensemble réalisé avec 80% de bois suisse
- Structure porteuse d’un objet réalisée avec 80% de bois suisse
- Façade d’objet réalisée avec 80% de bois suisse
Exemples de projets certifiés dans le Parc (par commune)
Une étape supplémentaire : utiliser le bois du Parc pour des constructions
Entreprises partenaires du Parc dans le secteur bois signifie utiliser 80% de bois du Parc, partager les valeurs Parc et faire une démarche de développement durable.
Entreprises partenaires Bois du Parc
EPF Grandjean, Sàrl, Neirivue
Scierie Blum, Gérignoz
Scierie des Avants, Montreux
Tavillon-Bois, Schopfer, Château-d’Oex
Tavillon Bardeaux, Krummenacher, Montbovon
Colin Karlen – Tavillonnage, Château-d’Oex
Genoud Frères Sàrl, exploitation forestière, Charmey
Vincent Gachet – Tavillonneur, Cerniat
Un engagement fort des communes du Parc
Dès 2019, 15 communes du Parc s'engagent en faveur du bois suisse.
En tant que maître d’ouvrage, chaque commune devra notamment :
- exiger ou favoriser la fourniture de bois local dans le cadre d’appels d’offres
- favoriser le bois-énergie pour le chauffage de ses bâtiments
- sensibiliser les citoyens à l’utilisation du bois indigène
Communes signataires:
- Bas-Intyamon
- Château-d'Œx
- Châtel-sur-Montsalvens
- Corbeyrier
- Crésuz
- Grandvillard
- Gruyères
- Haut-Intyamon
- Jaun
- Montreux
- Ormonts-Dessous
- Rossinière
- Rougemont
- Val-de-Charmey
- Villeneuve
Xylothèque de Rougemont
Le Groupement forestier du Pays-d'Enhaut a créé en 2019 une xylothèque, lieu où est entreposé et soigné le bois destinés aux luthiers. C'est le fenil attenant à la cure de Rougemont qui abrite ce projet auquel tenait le Groupement depuis longtemps : mettre sur pied un lieu où est conservé le bois de résonance utilisé pour la fabrication d’instruments à cordes. Frédéric Blum, cueilleur d'arbres, nous emmène à la découverte de cet univers particulier, une riche valorisation du bois du Parc.